• -Bécassine et les bretons

    Ce personnage est né le 2 février 1905 de l'imagination de Jacqueline Rivière, la rédactrice en chef de la semaine de Suzette, et du dessin de Joseph Porphyre Pinchon. La longévité de cette première héroïne d'une bande dessinée française atteste son succès: ses histoires paraissent dans l'hebdomadaire des "petites filles bien élevées" jusqu'en 1950, et surtout 28 albums sont publiés entre 1913 et 1939. En 1992, l'achat des droits de l'éditeur originel, Gautier-Languereau, par hachette, témoigne de l'intérêt actuel pour le personnage.

    En Bretagne, Anaïck Labornez, la petite paysanne cornouaillaise de papier, suscite réticences et rejets jusqu'aux années 1960. Sa bêtise, source de comique, sa soumission à un ordre social archaïque, son costume immuable dans un monde qui change sont perçus comme une stigmatisation de la Bretagne. Sa fonction "bonne à tout faire" à Paris, renvoie à la difficile réalité de l'émigration des jeunes Bretonnes en quête de travail. Les protestations des régionalistes sont récurrentes; elles s'expriment lors de l'Exposition colonial de 1931, pendant le tournage du film de Pierre Carron en 1939, sa projection en 1941 ou encore à l'occasion d'une émission de radio en 1933.

    Les années 1960 ouvrent un temps nouveau. La croissance économique fait reculer le syndrome de Bécassine. L'image de la Bretagne change et certains créateurs, tels Paol Keineg ou Alain Quernec, retournent l'image de la petite Bretonne soumise et naïve pour en faire une femme libre, revendiquant son appartenance.

      

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