La Bretagne reprend le choix de la bruyère (brug en breton) qui est la plante emblématique des Celtes. En Bretagne, elle symbolise la ténacité des Bretons; ses clochettes appellent également au réveil de la Bretagne. Deux mouvements bretons aux conceptions philosophiques différentes, mais animés tous deux par l'amour de la Bretagne, ont utilisé cet emblème: il s'agit du Bleun-Brug ("fleur de bruyère, mouvement catholique d'inspiration nationale fondé en 1905 par l'abbé Yann-Vari Perrot), et Brug (fondé en 1913), organe des libertaires bretons, dirigé par Emile Masson, auteur de l'ouvrage les bretons et le socialisme, secondé par le peintre malouin Jean-Julien Lemordant.

La Bretagne a connu le chemin inverse de la Cornouailles insulaires en privilégiant dans un premier temps l'ajonc, reflet de l'âme bretonne -"cœur d'or et piquant d'acier", comme disait la poétesse Anjela Duval.

Pour les bretons, c'est le symbole de l'amour éternel parce qu'il fleurit toute l'année, et, selon la légende, Dieu lui-même créa cette floraison pour sauver les bretons, le diable s'étant plaint que tous les bretons mouraient en état de grâce. Dieu lui accorda les âmes de tous ceux qui mourraient quand l'ajonc ne serait pas en fleur. Le diable fut donc berné sur le coup, mais il inventa la vigne et le vin pour pervertir les bretons et installa ses estaminets sur la route du paradis.

C'est également un talisman: celui qui a sur lui une fleur d'ajonc n'a rien à craindre des petits lutins. En effet, ceux-ci se retirent dans ses fleurs, ils ne peuvent donc s'en prendre à celui qui se met sous leur protection. Les régionalistes du début du XX siècle usaient du néologisme "ajoncat" en lieu et place du français "lauréat" pour leurs trophées, le laurier étant jugé pas trop représentatif d'une civilisation gréco-latine; plaignons les chauves.

Les artistes privilégieront le dessin de l'Ulex gallii, que l'on nomme en breton lann vrezhonek c'est-à-dire "ajonc breton", et qui est spécifique à la Bretagne.

Les ducs de Bretagne n'ont pas utilisé outre mesure les marques florales. Le genêt, vieux symbole breton, apparaît sur les sceaux de Pierre II.