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Par breizh22 le 16 Mars 2014 à 09:03
Les anciens Celtes ne craignaient pas la mort. Ils la voyaient comme le milieu d'une existence, le commencement d'une vie meilleure.
Si les Bretons christianisés conçoivent la mort comme une chose naturelle, ils craignent très souvent l'Ankou, son grand valet. La seule évocation de ce personnage surnaturel les fait trembler. Maître de l'au-delà, l'Ankou règne, omnipotent, sur les "anaons", les âmes des trépassés et des moribonds, qu'il est chargé d'emporter dans l'autre monde quand leur dernière heure est arrivée.
Présage d'une fin imminente, l'Ankou est généralement représenté sous les traits d'un squelette, armé d'une faux emmanchée à l'envers menant sa charrette (karr an ankoù), dont le grincement, la nuit, dans les chemins creux fait frémir. Des images anciennes le montrent même armé d'une flèche ou d'une lance, comme pour menacer celui ou celle qui serait tenté d'oublier sa condition de mortel.
Eglise Saint-Pierre de Ploudiry
Qui a vu le funèbre convoi de l'Ankou perd la vie peu de temps après. Les anaons, que certains prient avec ferveur, ne sont jamais bien loin. On dit que ces âmes errantes fréquentent des lieux encaissés comme les chaos de rochers et les gorges où se perdent les rivières... Autrefois, il n'était pas rare à la toussaint, ou même à Noël, de laisser aux anaons un bon feu et quelques crêpes dans la maison en son absence.
Au XIX siècle, l'Ankou est omniprésent. Il se rapproche du monde des vivants, pêcheurs ou paysans, allant jusqu'à porter un chapeau à larges bords.
Si la personnification de la mort n'est pas un phénomène spécifiquement breton, l'originalité de l'Ankou témoigne d'une identité culturelle propre. "Nulle part et en aucun cas, on a vécu avec une familiarité aussi grande avec la pensée de la mort", écrit Charles Le Goffic. Quatre ans plus tard, Anatole Le Braz, publie La légende de la mort chez les bretons armoricains, véritable bible des croyances qui gravitent autour de la mort.
A l'époque, nombreux sont les récits qui attestent la présence de l'Ankou dans les églises bretonnes. Dans telle chapelle, quand un cierge s'éteignait, c'est qu'un marin allait périr en mer. Aux enterrements, quatre statues de l'Ankou étaient souvent placées à chaque coin du catafalque pendant les messes.
Eglise de Ploumilliau
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