• Creah'-Maout (Pleubian)

    Creah'-Maout (Pleubian)

    Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands firent du sémaphore de Creac'h-Maoût une base de surveillance et de défense du littoral en y construisant d'importants ouvrages fortifiés. En août 1944, ce sémaphore fut le théâtre d'événements tragiques dont voici le déroulement.

    5 août 1944

    Dans les derniers jours de juillet 1944, à l'approche des troupes Américaines, les troupes Allemandes en garnison à l'Ile à Bois (Lézardrieux) et à Saint-Laurent (Pleubian), tentent de gagner par la route, les poches de Lorient et Brest. Seule la garnison du sémaphore de Creach'-Maoût, une cinquantaine d'hommes préfère rester sur place et voyant les évènements se dégrader, demande à se rendre. Les prisonniers sont conduits au bourg de Pleubian et logés à la salle des fêtes, en attendant l'arrivée des alliés. Mais les deux garnisons Allemandes nommées ci-dessus, ayant trouvé les routes barrées, reviennent à leur point de départ et apprenant la rédition de leurs camarades de Creac'h-Maoût décident de les délivrer. Dans la soirée, les prisonniers sont reconduits au sémaphore par crainte de représailles sur les habitants du bourg. Entre temps, trois soldats Allemands, appartenant au groupe cantonné à l'Ile à Bois, viennent à Pleubian pour y réquisitionner des charrettes. Ils blessent grièvement Emile Botcazou, 21 ans, d'une balle explosive, il décède le lendemain dans la matinée et abattent une jeune femme, Zénaïde le Paranthoen, épouse Parlouer, 25 ans, alors qu'elle circulait à bicyclette.

    6 août 1944

    De la garnison Allemande de l'Ile à Bois, alertée des évènements de Creach'-Maoût, des éléments  se dirigent sur l'Armor. Vers 13h30, ils s'arrêtent au lieu-dit le Croas-Hent, en Lanmodez, abattent dans la cour de sa ferme, Adèle le Guevel, épouse l'Anthoen et conduisent ses deux fils, Yves et Victor, ainsi qu'Yves le Berre (16ans) et Jean-Baptiste Kernivinen (46ans) au Carpont, tout proche, pour y être fusillés. Grâce à l'intervention de M. l'Anthoen père, l'un des fils, Victor, est autorisé à regagner son domicile. Le deuxième, Yves bien que très grièvement atteint par plusieurs coups de feu, réussit à échapper à la mort. Dans la soirée, le groupe de l'Ile à Bois tente de délivrée le garnison; le combat s'engage, les Allemands mettent leurs mortiers en batterie à proximité du cimetière de l'Armor et ouvrent le feu en direction de l'église du dit lieu: 2 personnes sont tuées, par des éclats d'obus de mortiers: Monsieur L'Abbé Joseph le Floch, recteur de l'Armor et une fillette, la petite Léonie Libouban, âgée de 10ans.

    7 août 1944

    Dès l'aube, un nouvel engagement a lieu et une attaque en direction du sémaphore commence, à l'aide d'un ou deux mortiers et d'un canon. En position d'infériorité manifeste, de nombreux patriotes quittent le sémaphore à travers les champs de mines par le versant opposé aux Allemands. D'autres plus confiants, peut-être, dans la suite des évènements, préfèrent l'attente. Les Allemands en nombre, et mieux armés, prennent rapidement possession des lieux, faisant 21 prisonniers. Dans les heures qui suivent, les Allemands pourchassent partout les patriotes rescapés qui ont trouvés refuge dans les environs: Romain Bocher (30ans) et Ernest le Petit (38ans) blessés au cours du combat ont pu atteindre une maison voisine, où ils meurent faute de soins. Les Allemands tirant sur les familles qui tentent de s'approcher pour secourir les blessés. 5 autres patriotes sont tués lors de cette journée, Jean Le Marchand (31ans), Jean Le Vaillant (38ans), Yves-Marie Le Gall (44ans), Yves-Marie Meudal (40ans) et Yves-Marie Bougeant (26ans). En début d'après-midi, à Saint-Antoine, le jeune Louis Allainguillaume (17ans), n'appartenant à aucun groupe de résistance, est découvert par les Allemands dans une tranchée où il s'est réfugié pour échapper aux représailles: il est abattu sur place. Jusqu'au 16 août aucune nouvelle des 21 prisonniers. 

    16 août 1944

    Ce jour là des chars américains font irruption sur la place de la mairie à Pleubian. Aussitôt informés du drame de Creac'h-Maout, les américains accompagnés d'une groupe de patriotes font route sur le sémaphore. Hélas! Là-haut, plus de vie, c'est la désolation... Deux fosses communes sont découverte, elles contiennent 21 cadavres dont l'examen médical permet d'établir que les victimes, dont les noms suivent ont été atrocement torturées avant d'être exécutées: Ernest Allainguillaume (43ans), Yves-Marie André (33ans), Francis Bideau (22ans), Charles Corlouer (44ans), François Guillou (36ans), Gustave Lamande (22ans), François l'Anthoen (27ans), Yves-Marie le Bozec (32ans), Gustave le Carboullec (18ans), Yves-Marie le Cleuziat (41ans), Eugène le Lostec (27ans), Henry le Mevel (43ans), Pierre le Mevel (33ans), Pierre le Parlouer (36ans), Eléazar le Roux (21ans), Pierre le Roux (35ans), Marcel le Saux (19ans), Yves le Tallec (23ans), Yves-Marie Marjou (42ans), André Paranthoen (20ans), Félicien Plomion (35ans).

    Le 27 février 1946, le maire de Pleubian s'adresse au ministère de la justice pour l'informer des atrocités commises à Creac'h-Maoût et pour que les criminels soient recherchés pour crimes de guerre.

    Le 27 août 1951, le tribunal militaire permanent de Paris prononce un non-lieu à l'égard des Allemands du sémaphore de Creac'h-Maoût et de l'Ile à Bois pour identification insuffisamment précise des inculpés. 

     

    Creah'-Maout. (Pleubian)

         

      

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